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Salle du Conseil d'État découverte dans le Palais National de Sintra

10 déc. 2022

Après trois ans d'investigation, l'équipe du Palais National de Sintra a résolu une énigme vieille de 200 ans et identifié la salle du Conseil d'État, un espace ignoré par l'historiographie, qui sera disponible à la visite à partir du 10 décembre. Les recherches ont permis de conclure que la salle où le lit d'apparat du XVIIe siècle est exposé depuis 2019 a servi, entre le XVIe et le XVIIIe siècle, aux plus hautes institutions de la monarchie, puisque, avec la salle adjacente, connue sous le nom de Salle Arabe, elle abritait les plus hauts tribunaux du royaume, à savoir la Maison de la Supplique (Casa da Suplicação), la Cour d'Appel, et que l'espace a ensuite été adapté pour les réunions du Conseil d'État.

 

Cette découverte est une nouvelle contribution à la lecture du palais, en démontrant qu'entre la fin du Moyen Âge et l'époque moderne (XIIIe-XVIIIe siècles), un palais était bien plus qu'une résidence pour la famille royale, c'était un lieu où le roi assurait la protection de ses sujets, en leur donnant le gîte, le couvert et la justice. Cette triple fonction exigeait trois espaces distincts : les appartements pour habiter ; les cuisines pour nourrir ; et les salles pour juger les crimes ou les conflits. Lorsque le roi était au palais, c'est là que fonctionnaient les principales institutions du royaume, la présence de salles pour les juridictions supérieures était donc impérative. L'identification des salles ayant des fonctions judiciaires dans le Palais National de Sintra en fait le seul palais du pays où il est possible d'être en contact simultané avec les trois dimensions mentionnées ci-dessus.

 

On pense que les deux pièces en question ont d'abord été destinées à la plus haute cour du royaume, la Casa da Suplicação – itinérante jusqu'au XVIe siècle. La plupart du temps, le roi était accompagné par les juges, qui avaient aussi un rôle important de conseillers. Leur importance a grandi progressivement et, entre 1562 et 1569, un Conseil d'État a été créé officiellement, une institution autonome ayant pour mission de garantir la bonne gouvernance du royaume. À partir du moment où la Maison de la Supplique s'est établie de manière plus permanente à Lisbonne, ces deux salles du palais auraient été aménagées pour les réunions du Conseil d'État, qui avait acquis un rôle majeur au cours des guerres de la restauration de l'indépendance au XVIIe siècle.

 

Ces conclusions sont le résultat d'un projet de recherche complexe et minutieux, mené dans le cadre du projet global de révision de la muséographie du Palais National de Sintra, qui a requis le croisement de sources historiques très diverses, à savoir l'architecture du bâtiment, les règlements en vigueur aux XVe, XVIe et XVIIe siècles, qui établissaient le fonctionnement des plus hautes instances du royaume ; l'étude de l'iconographie de l'époque ; et une analyse comparative avec d'autres palais européens. Parmi tous les documents étudiés, le plus important se trouvait en fait dans les archives du palais national de Sintra. Il s'agit d'un manuscrit de la fin du XVIIe siècle, intitulé Livro das (...) Cousas Ocultas [Livre des choses cachées], qui ironiquement est devenu la principale source permettant de mettre en lumière cet espace oublié.

 

Une découverte qui donne naissance à un nouveau projet muséographique audacieux

 

L'identification des fonctions originelles de ces deux salles a déterminé une nouvelle muséographie. En l'absence d'objets permettant une reconstitution historique, nous avons opté pour une interprétation contemporaine audacieuse de ce qu'étaient ces espaces de réunion, en valorisant les expériences sensorielles plutôt que la reconstitution physique d'éléments matériels. Au lieu de produire des répliques d'objets perdus, nous avons cherché à rapprocher l'expérience du visiteur d'aujourd'hui de celle des usagers du palais dans le passé.

 

La première salle, connue sous le nom de Salle Arabe, avec sa fontaine centrale et ses carreaux de céramique géométriques de l'époque du roi Manuel Ier, se présente aujourd'hui comme une antichambre ayant la fonction de salle d'attente, ou salle des pas perdus, où attendaient les procureurs (ou avocats) des parties concernées par les affaires en cours d'analyse par les juges de la Maison de la Supplique ou les messagers des requêtes soumises au Conseil d'État.

 

Mais c'est dans la seconde salle, qui servait aux réunions des juges de la Maison de la Supplique et, plus tard, des conseillers du roi, que le visiteur est surpris par l'impact sensoriel de la nouvelle muséographie, dans laquelle se distingue la scénographie textile, caractérisée par des effets dynamiques qui changent au fur et à mesure que l'on se déplace dans l'espace. Cette solution fait référence à la forte présence de motifs textiles européens de la Renaissance et du Baroque, dont les fibres de soie et les applications d'or et d'argent apportaient un effet visuel de scintillement, varié et stimulant pour les sens. Ces éléments ont permis de créer des environnements certes éphémères mais somptueux et dotés d'une dimension théâtrale. Cette reconstitution allégorique vise à produire une expérience sensorielle analogue à celle vécue par les personnes qui entraient dans une salle préparée pour le Conseil d'État.

 

Le lit d'apparat du XVIIe siècle qui se trouvait dans cette salle a entre-temps été déplacé dans une petite pièce à côté de la chambre du roi Afonso VI, où il complétera le récit de la vie de ce monarque au palais de Sintra. On pense qu'après sa mort, son corps a été déposé dans la salle des Pies sur un lit d'apparat similaire.

 

La nouvelle muséographie, conçue par la société Wello, reflète une nouvelle façon d'aborder le travail muséographique dans les châteaux et palais, en valorisant la reconstitution des sensations plutôt que la production de répliques matérielles. Une solution créative qui inscrit le Palais National de Sintra dans la pensée contemporaine (notamment en termes d'études sensorielles) et encourage la réflexion sur ce que devraient être aujourd'hui l'interprétation et la médiation des palais et des sites patrimoniaux.

Casa Do Conselho Pnsintra Int Creditos PSML Jose Marques Silva