Le Palais National de Pena retrouve la décoration originelle de la salle des Visites
27 janv. 2023
Après sept ans d'investigation, l'équipe du Palais National de Pena est parvenue à reconstituer la décoration originale de la salle des Visites et à retrouver l'atmosphère voulue par le roi Ferdinand II au XIXe siècle. Les recherches ont révélé que, dans la pièce du palais la plus liée au protocole, le monarque a fait un investissement important et a opté pour une décoration luxueuse, élégante et sophistiquée, qui devait impressionner les visiteurs qui y étaient reçus. Entre les fresques, le mobilier, le bronze, la porcelaine et le velours, où le thème « or sur bleu » prédominait, tout concourait au faste de l'endroit. On a découvert que la plupart des éléments qui composaient la salle au XIXe siècle se trouvaient encore dans le palais. Grâce à ce projet muséographique, ils ont retrouvé la place originelle que leur avait choisie Ferdinand II. Les textiles en velours bleu ont également fait leur retour, reconstitués avec rigueur, dans le but d'offrir aux visiteurs d'aujourd'hui une expérience similaire à celle des visiteurs du passé.
Pour comprendre à quoi ressemblait la salle des Visites de Ferdinand II – le roi-consort qui a ordonné la construction du Palais de Pena –, il a fallu étudier les inventaires historiques du monument, sa collection et les factures des achats du monarque pour la décoration intérieure. L'équipe de chercheurs a également pu s'appuyer sur la découverte d'une précieuse image stéréoscopique prise par Carlos Relvas, qui représente cette pièce au début des années 1870. Ces sources ont révélé qu'en plus de l'ornementation des murs et du plafond avec une peinture murale en trompe-l'œil évoquant l'architecture islamique, commandée par Ferdinand II à Paolo Pizzi en 1854, la décoration de l'espace faisait également l'objet d'un soin particulier de la part du roi.
En ce qui concerne le mobilier, son choix s'est porté sur des pièces de la production nationale des XVIIe et XVIIIe siècles, en palo santo tourné et torsadé, que Fernando II aimait beaucoup, comme en témoignent le secrétaire, le cabinet et le buffet qui garnissent la pièce. Sur ces meubles étaient placés des objets décoratifs de grande qualité, comme une paire de lampes françaises en bronze et porcelaine bleue et plusieurs pièces de porcelaine orientale de sa collection. L'ensemble est complété par des textiles dans des matières luxueuses, tels que les velours et les passementeries en soie qui enveloppent l'espace et lui confèrent la solennité et l'apparat recherchés. La reconstitution des éléments textiles a été à la fois le point de départ et le plus grand défi de ce projet muséographique.
« Or sur bleu » pour impressionner les sens
Grâce à une facture de la maison Barbosa e Costa, on a découvert que le velours bleu était le tissu commandé par Ferdinand II pour recouvrir le canapé et les chaises, ainsi que pour la tenture du poêle de cette pièce. La nuance du bleu du velours (bleu roi) décrite dans les documents étudiés est en parfaite harmonie avec les lampes et le vase en porcelaine bleue montés sur bronze, qui se trouvaient à l'époque dans la salle des Visites. Ces sources révèlent également que le tissu était fixé aux sièges et au poêle par le biais de clous de tapissier dorés. Il a ainsi été possible de reconstituer fidèlement aussi bien la couverture du canapé et des six chaises que la tenture du poêle de la salle, en obtenant un effet saisissant « or sur bleu » à l'allure sophistiquée et élégante.
L'apparat voulu pour cette salle est directement lié à sa fonction. La Salle des Visites faisait partie, avec la Salle verte et l'atrium de la sacristie, de la zone la plus publique du palais. Les visiteurs quotidiens de Ferdinand II et de la comtesse d'Edla entraient par la porte de l'atrium de la sacristie et attendaient dans la Salle verte, où se trouvait le livre sur lequel ils pouvaient apposer leur signature. Ils étaient ensuite reçus, « debout », dans la salle des Visites. Seuls certains étaient invités à accéder aux zones plus privées du palais, en fonction du degré de proximité avec le monarque et la comtesse, du sujet à traiter ou de la raison de la visite.
Le projet muséographique sera complété cette année par la pose de rideaux en velours bleu roi et l'ajout de quelques meubles, qui auront fait l'objet d'une restauration.